"Que Justice soit fête" ?
Bonjour à tous !
Aujourd'hui c'est lundi, une nouvelle semaine de boulot pour certains, une nouvelle semaine de vacances pour d'autres... Et pour bien commencer la semaine, pourquoi ne pas découvrir un duo de Parisiens ?
Je veux bien entendu parler des Parisiens de Justice ! Effectivement, suite à l'article de samedi sur la compilation à télécharger gratuitement, j'ai fais plus connaissance avec le groupe Justice... Je l'avais déjà entendu à la radio, mais le fait d'entendre à nouveau une de leur chanson m'a donné envie d'en savoir plus sur ces deux musiciens...
J'ai donc décidé de vous en dire plus sur la sensation "électro" du moment...
Mais avant, quoi de mieux pour illustrer mon propos que du concret ?
Pour voir les morceaux disponibles sur le site de Justice, cliquer ici.
Pas mal, non ? Et maintenant, la critique de †, le premier album de Justice, tirée de Télérama :†, Justice
Etant quasiment acquis que personne n’y coupera – à moins de vivre sur une lointaine planète privée de radio et d’accès à Internet (1) –, regardons un peu à l’intérieur du moteur. C’est quoi, le son Justice, le logiciel de cette musique, la clé de son triomphe annoncé ? Réponse : c’est d’abord une idée. Une riche idée, terriblement culottée en pleine ère de formatage sonore mondial vaguement r’n’b : saturer les sons. Pousser les synthétiseurs, les séquenceurs, les échantillons loin, loin, loin dans le rouge, comme au bord d’un volcan, mais alors juste au bord, avec les doigts de pied dans la lave. « Effet rock » garanti sur facture. L’un des premiers fans certifiés du duo eut cette phrase magnifique il y a deux ans, alors qu’il envisageait d’utiliser un morceau de Justice pour la bande sonore d’une publicité pour Peugeot (lequel spot, chose extraordinaire, vit effectivement le jour !) : « Cette musique est incroyable, mais ça fait quand même vraiment mal aux oreilles, non ? » Monsieur avait raison, et maintenant, tout le monde pense comme lui : cette disco-des-temps-modernes fait mal aux oreilles, mais on en redemande (2). Car sous la saturation, c’est le royaume de la sophistication.
Les deux laborantins de Justice, Xavier de Rosnay, 24 ans, et Gaspard Augé, 28 ans, sont des as du montage sonore. Leurs mélodies très pop ont la puissance cinématographique (François de Roubaix ? Vladimir Cosma ?) des meilleurs titres de Kraftwerk, mais surtout, elles sont rudement bien coupées, découpées, cisaillées à la lame de rasoir – exceptionnel sens des micro-silences, des blancs numériques, des faux accidents de parcours. Un morceau de Justice n’est jamais un fleuve tranquille. Plutôt un torrent déchaîné, avec plus d’un tour dans son ressac. Le son bouillonnant des basses, funky en diable, est celui du groupe anglais Basement Jaxx ; la férocité des aigus, c’est plutôt My Bloody Valentine (pop-rockers devenus sourds) ; et le noyau rythmique : une sorte de Daft Punk sous acide (fourni par Cerrone, l’acide). Mais chez Justice, c’est comme si tout cela, toute cette belle énergie carnassière avait été passée au filtre d’une cohérence particulièrement pointilleuse, d’une vision d’ensemble proprement stupéfiante. Alors maintenant, comme l’écrivait joliment le quotidien Libération, « que Justice soit fête ».
(1) Justice est l’un des groupes les plus « visités » sur MySpace. A l’échelle planétaire, s’entend.
(2) Oreilles nourries au Vincent Delerm s’abstenir.
1 CD Ed Banger/Because.
Télérama n° 2997 - 23 Juin 2007
Vous pouvez aussi visiter leur page MySpace ici et voir leurs vidéos sur Dailymotion là.
A bientôt !