jeudi 30 août 2007

Ceux qui restent

Bonjour !

Au départ l'article d'aujourd'hui ne devait pas être consacré au cinéma, mais la vie réserve des surprises et donc voilà, aujourd'hui, je vais vous parler de Ceux qui restent...

Pour commencer, voici la bande annonce de ce film :



Ainsi que sa critique :

Ceux qui restent

Leurs conjoints étant à l'hôpital, Bertrand et Lorraine sont ceux qui restent... Pour supporter la culpabilité d'être bien vivants, ils ont décidé de s'aider à vivre, à rire et à continuer d'aimer.

Tomber amoureux n’est pas toujours merveilleux. Dans la vie de Bertrand et de Lorraine, c’est même une catastrophe, escamotée par une catastrophe antérieure : le cancer de leurs conjoints.

Dans les couloirs trop éclairés de l’hôpital où il vient chaque jour voir sa femme depuis des mois, Bertrand croise Lorraine, les yeux rougis et du mascara coulant sur les joues : elle vient d’apprendre la maladie de son compagnon. Novice, si l’on peut dire, elle s’accroche à lui, posant des questions, cherchant à se rassurer. « Je dois bien avoir un peu de générosité quelque part. Tout ce que j’ai de plus mesquin ressort », constate-t-elle lors d’une de leurs escapades sur le toit de l’hôpital. Mauvais endroit, mauvais moment : l’amour n’a aucune chance.

Si Lorraine, bravache, l’ignore ou feint de l’ignorer, Bertrand tente de mettre ce sentiment à distance. Sans succès, car per sonne ici n’est héroïque : lorsqu’il déci dera de mentir à Lorraine, ce ne sera pas pour la protéger, mais pour continuer à la voir. Emmanuelle Devos, en papillon affolé, tourbillonne en tous sens pour ne pas tomber et se cogne à un Vincent Lindon au contraire au ralenti, épuisé et alourdi, très émouvant dans une interprétation épurée.
Pour sa première réalisation, Anne Le Ny n’a pas cherché la facilité. Cette actrice, souvent aperçue à la télévision, au théâtre ou dans des seconds rôles chez Agnès Jaoui ou Pierre Jolivet, empoigne son sujet avec pudeur et une arme fatale : l’humour. Sans la moindre fausse note, elle saisit chaque occasion d’alléger le propos, comme dans cette scène de respiration, un barbecue familial où les adultes s’affairent en se plaignant de rater les premiers pas des bébés, tandis que le dernier-né de la famille gambade inopinément dans l’indifférence générale…

Au-delà d’une poignante histoire d’amour ratée, Ceux qui restent est aussi la chro nique d’une culpabilité carnassière. Il évoque la mauvaise conscience, le sens du sacrifice contre lesquels Lorraine tente de se rebeller avec dureté, bien loin des clichés. La peur, aussi. D’être seul, de sur vivre, de ne pas survivre. Le poids du quotidien : les cours d’allemand de Bertrand, les surgelés qu’il fait cramer pour sa belle-fille, adolescente butée. Jamais tire-larmes, tournant farouchement le dos au pathos, le film met en scène des personnages qui nous bouleversent à contre-courant : notre émotion naît de leur lutte pour ne pas se laisser submerger par les leurs.

Juliette Bénabent

Télérama n°3007

Genre : Drame
Nationalité : Français
Durée : 1 h 34 min
Réalisation : Anne Le Ny
Avec : Vincent Lindon, Emmanuelle Devos, Anne Le Ny, Grégoire Oestermann, Christine Murillo

Enfin, vous pouvez retrouver plus d'informations sur ce film ici.

A bientôt !

Pierre A.